Le syndrôme Bob l’Éponge

Pauvre ti-Bob! Je ne voudrais pas être à sa place. Non pour le fait qu’il soit irrévérencieux et jaune, avec des culottes et une dentition carrées, mais plutôt parce qu’il est intrinsèquement absorbeur. C’est sa caractéristique principale, en fait. En plus, il vit dans l’eau. Une éponge qui vit dans l’eau, gorgée en permanence. « Il ne doit sûrement pas s’en rendre compte », que je me dis. Il ne sait pas qu’il ne sait pas, pauvre lui.

Parce que s’il savait que c’est possible de ne pas absorber son environnement, j’ose croire qu’il se donnerait au moins une chance. Impossible de vider l’océan de son eau, il prendrait ses cliques et ses claques et sacrerait son camp en se revirant rien que sur un dix cennes! (Traduction pour le cousin français: il s’en irait vite.) Je le regarde là et j’ai juste envie de le tordre; jusqu’à la dernière goutte. J’ai envie de lui dire  » Ben voyons Bob! Ça ne t’appartient pas cette eau là, ça ne fait pas partie de toi… » Sans mentionner que c’est lourd en titi une éponge gorgée d’eau. Traîner tout ce poids excédentaire inutile: quelle absurdité! Transporter, jour et nuit, partout et tout le temps, une quantité d’eau atteignant jusqu’à 22 fois son propre poids… Sans même le savoir, juste parce que c’est comme ça et qu’il ne s’en rend pas compte.

Je ne lui en veux pas à Bob, dans le fond. Il est né comme ça, hein? Alvéolé, fibreux, poreux… C’est comme ça et on n’y peut rien. Éponge un jour, éponge toujours, descendant d’une grande lignée d’éponges. Absorbeur endurci. Alourdi, par contre. Fatigué, aussi, et dénaturé.

« En touchant le vermillon, on se salit de rouge »- Proverbe japonais

Dénaturé parce que s’imbiber de tout ce qui n’est pas nôtre, c’est sans plus ni moins modifier sa propre constitution. C’est donc vivre anticonstitutionnellement. (Oui, j’ai fait exprès. Je cherche désespérément une raison pertinente d’utiliser ce méga-long mot qui me trotte dans la tête depuis la cours d’école du primaire……!!!! Et oui, je sais que ce n’est pas au sens strict du terme, mais c’est mon blogue à moi, okay?!) J’irais jusqu’à dire que c’est mentir, tiens. À soi-même, en premier lieu, puis au monde entier. Et mentir, c’est pas beau 🙁

Je suppose que, dans certains cas, une forte capacité d’absorption peut s’avérer être un réel atout. Par exemple, dans un contexte où Qualinet serait « débordé » par le reflux printanier du St-Laurent (OMG! Le jeu de mot à 1000 piastres!!!), Bob aurait sans doute sa raison d’être. Autrement, je ne vois pas pourquoi quelqu’un se porterait  absorbeur volontaire.

Penses-y! T’as déjà fais ça au moins une fois dans ta vie, absorber? Dis pas non, c’est oui! (Dis-je, sur le même ton qu’un parent à son enfant) Comment t’as trouvé ça? Poche hein?! Bah, c’était juste deux/trois p’tites gouttes là… La fois où Sandrine te racontait sa peine d’amour, quelques-unes de ses larmes se sont accidentellement retrouvées dans tes yeux à toi, mais c’est normal; c’est ton amie. « Si je n’absorbais pas ses larmes ça voudrait dire que je m’en fous et que je ne suis pas un bon ami! », tu me réponds. Ouin… Pis l’autre fois où ton cousin te confiait qu’il perdait sa job. Tu l’aimes ton cousin, vous avez grandis ensemble. Tu n’as pas pu t’empêcher d’absorber un ti-peu de sa colère, mais rien qu’une tite affaire de rien du tout. Et aussi un peu de ce que ta collègue au bureau te dit au sujet de son mari. Et le gars du dépanneur: il a donc bien l’air bête, maudit!

Je reviens au mensonge. Oui, je te traite de menteur. Menteur, menteur, MEN-TEU-RRRR!!! Oui, je l’avoue, je me suis déjà menti à moi-même aussi. On fait une belle gang, hein?! Quand tu donnes permission aux états d’âme des autres de s’infiltrer par la porte arrière de ton psyché, un coup arrivés à ton cerveau, ces états d’âme sont traités comme étant les tiens. Ils ne sont pas étiquetés, tu vois? L’émotion qui arrive à la centrale du traitement des émotions ne s’appelle pas « Sandrine ». Elle s’appelle juste « tristesse ».  Ton cerveau va gérer ça de la même façon dont il gère tout ce qui vient de l’intérieur de toi-même. C’est non seulement envoyer un mensonge à ton cerveau, c’est lui donner un surplus de travail qui n’est vraiment pas nécessaire, si tu veux mon avis. (Non, tu ne le voulais pas? Oups, trop tard!) En plus d’avoir à gérer toute la complexité de la merveilleuse personne que tu es à chaque jour, ton cerveau se retrouve avec une pile de paperasse à la fin de son shift qui sera reporté au lendemain…ou, mieux encore, à 2h34 du matin alors que tu ne dormiras pas encore.                                                     

L’absorption d’émotion se fait sournoisement.  Ni vu ni connu, tu te retrouves en beau maudit pis tu ne sais pas trop pourquoi! Tout d’un coup, tu deviens anxieux, inquiet, fâché, triste, nerveux, stressé: name it! Quoi? C’est parce que t’es un grand sensible? Non, t’es absorbeur. Comme Bob, tu bois. Être sensible, c’est de reconnaître ce que l’autre vit et de comprendre d’où ça provient. Être sensible, c’est avoir la capacité de percevoir toutes les nuances qui construisent « l’état » de l’autre, de les observer, et d’objectivement apporter un soutient. Absorber, c’est en prendre un morceau pour se construire soi-même. Vivre et partager l’émotion de l’autre, c’est ça absorber. Ça ne construit personne en fait, ça détruit.

Au lieu de ressentir la même colère que ton cousin, vas-t-en. Dans ta tête, je veux dire. Quand ta collègue chiale contre son mari, dégage. Mentalement, toujours. Ce n’est pas recommandé de partir en courant pendant qu’elle parle, ni se se mettre des bouchons 😉 Ce que je veux dire c’est de mettre la switch à off. Sinon tu vas le regretter. Pour vrai, là. As-tu vraiment de la place pour 22 fois plus de lourdeur émotionnelle? Imagine toute la place que ça libère pour tes trucs à toi de ne pas donner d’espace aux émotions des autres? Full égoïste, oui. Et non seulement j’encourage ce genre d’égoïsme, je l’applique. Quand je sens que « quelque chose » qui ne m’appartient pas commence à s’installer, je me répète très fort dans la tête: « Ce n’est pas moi qui vit ça, ça ne m’appartient pas. » Quand le gars du dépanneur m’accueille avec son air de boeuf (prononcé beuh), au lieu de me mettre dans le même mood, je me répète que moi, je vais bien.

On est bombardé à chaque instant d’énergie négative qui ne demande qu’à nous pénétrer (Esprit tordu, toi!). On s’entend qu’absorber la joie de l’un et l’exaltation de l’autre, ça va! Le négatif, par contre, ça cause autant de ravage qu’une inondation. Combien de fois t’es rentré après une merveilleuse journée et que l’autre personne à la maison t’as quand même contaminé avec son vague à l’âme? 153 fois?

On est tous une gang de Bob, mais on ne s’en rend pas toujours compte. À partir du moment où on prend la décision consciente de changer de nom et de redevenir soi-même, la game change. Fini le mensonge. Fini de vivre des choses beurk qui ne servent à rien. Fini de vivre autre chose que ce qui nous est propre. Fini de vivre la vie des autres à leur place.

Moi, maintenant, je m’appelle Mélanie.

 

Suggestions sous le thème de l’absorption 🙂

As-tu rempli un sceau d’eau aujourd’hui?

Ensemble de 4 verres à bière Bob l’Éponge

Applicateur de crème Roll Easy

Gâteau Éponge aux Pêches

 

 

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