Pour savoir

Ce moment finit toujours par arriver, celui où notre petitesse prend finalement toute la place. Forcés d’admettre qu’il y aura toujours plus grand que « soi »  ̶  plus fort et plus influent que notre toute minuscule individualité  ̶  que nous reste-t-il alors, si ce n’est que la liberté de (nous) questionner? Si (se) questionner implique nécessairement la recherche de réponses, c’est en réalité le déguisement que revêt le doute lorsqu’il daigne sortir au grand jour. Et puisque le doute émane une certaine effluve de malaise, la réponse devrait, à tout le moins, être apaisante.

Et si c’en n’était pas ainsi? Ou si la réponse tardait à arriver, ou n’arrivait jamais? Ou si elle était incomplète, ou erronée, ou peu convaincante? Ou si elle semait d’avantage d’incompréhension, ou dissimulait, finalement, une ignorance plus grande que la question elle-même?

« Les questions montrent l’étendue de l’esprit et les réponses sa finesse. »  ̶   Joseph Joubert

Une éternité de questions ne suffira jamais; une éternité de réponses, encore moins. Devient-il alors impératif, ou simplement possible, d’ignorer cette soif de savoir et ce prurit viscéral qui nous animent et qui, intrinsèquement, nous définissent? Ou, inversement, devons-nous insister davantage et pousser cette quête toujours plus loin?

La facilité, cette tentatrice, est bien futée. Elle ne rôde jamais bien loin, prête à s’immiscer dans les esprits vagabonds et ébranler la charpente de l’assurance, pour ensuite tout anéantir d’un léger soupir. Charmeuse, elle manie le verbe avec une telle éloquence qu’éminemment endurcie devra être cette pensée qui saura en faire fi. Mais cette résistance appelle inévitablement à la force, qui, à son tour, sera finalement confrontée à sa propre fragilité. Entre ensuite dans la ronde le constat d’une conscience limitée  ̶  individuelle et, nécessairement, collective  ̶  faisant place à l’abandon, le gant qu’enfile la facilité pour nous prendre la main. Parce que l’inertie est si douce, la passivité si confortable…

Se vautrer dans la sottise par facilité une vie durant vaut-il alors mieux que la douleur d’une réflexion inachevée?

 

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