Sans titre

Moi, dans la vie, il ne faut jamais me dire : « T’es pas capable! ». Oh, non monsieur! Peu importe si ça implique un tigre, une arbalète ou de la lave, je vais m’entêter à te prouver que tu as tort de douter de moi. Orgueil? Absolument. Extrêmement. Passionnément. C’est mon pire défaut, j’en conviens, mais c’est également ce qui me catapulte hors de ma zone de confort plus souvent qu’autrement.

Le pire, c’est quand je me dis à moi-même « T’es pas game! » Ouch! Je me connais, mais je réussi quand même à m’avoir! Sans pour autant frôler la schizophrénie, je discute avec ma conscience fréquemment. Les choses qu’on se dit, t’en reviendrais pas! Elle réussi à me faire faire toutes sortes de choses que je n’aurais jamais pu imaginer. En général, ça fini bien et j’en ressors avec un certain sentiment d’accomplissement.  Sauf une fois…

Un bon matin, j’ai décidé de prendre « mes cliques et mes claques » et d’aller jouer à Super Woman l’autre bord de l’océan. J’ai donc enfilé ma jupette et ma cape et j’ai emballé toute ma vie dans deux valises. Aveuglée par le désir ardant de réaliser des prouesses, je suis partie à la conquête de l’impossible; l’impossible étant de me réinventer. Mais ça, je ne le savais pas au moment où j’ai présenté mon beau passeport tout neuf au comptoir de l’enregistrement. J’étais bien trop excitée à l’idée de repartir à zéro et tout ce que ça implique. L’épiphanie est venue plus tard, beaucoup plus tard…

Alors, 5 aller-retours dans l’allée, 4 enfants qui pleurent, 3 films, 2 repas et 1 petite larme plus tard, j’y étais. Ignorant totalement la boule de quille qui s’était logée dans ma gorge au décollage, j’ai baragouiné juste assez bien pour que le douanier me comprenne et accepte de me laisser passer. Et voilà que le monde entier m’appartenait!

Quelle sensation! Du coup, tout était possible. Flottant un peu en-dehors de mon corps, j’avais l’impression que toute ma vie précédant ce moment culminant-là n’était qu’un long préambule. Enfin, j’avais franchi la porte du paradis et j’étais plus vivante que jamais.

Le p’tit genou mou, les mains moites, la voix tremblotante et le cœur qui se déchaîne dans ma poitrine…? Bof! « Ça va passer! », que je me disais. « Ça doit être le décalage… » La petite voix qui me chuchotait à l’oreille de laisser faire et de retourner chez nous… Elle n’a pas chuchoté assez fort parce que je ne l’ai pas entendue.

Ça a été ben cool de conduire de l’autre bord de la rue et de boire du thé au début (pas nécessairement les deux simultanément!). Même si la meilleure version de moi-même tardait à venir me rejoindre, j’avais du fun à jouer à « Essaie donc de comprendre quelque chose » et à « Devine ce que je dis ». Ma vie était une longue partie de charades, en fait.

Entre deux mimes, j’ai également passé beaucoup de temps à réfléchir aux couleurs avec lesquelles je voulais repeindre ma nouvelle vie. Quand tu te fais donner une belle toile vierge et de beaux pots de peinture, et que t’as pas mal juste une shot, ça vaut la peine d’y penser un peu. Après plusieurs mois, je me sentais assez à l’aise pour donner un premier petit coup de pinceau. J’y suis allée assez sobrement, me concentrant sur une seule petite section, celle qu’on pourrait appeler : l’occupation. Je ne peux pas dire que j’étais tellement satisfaite du rendu, mais bon, il me restait encore beaucoup d’espace blanc sur ma toile pour me reprendre. Puis, j’avais peint cette section « juste pour dire »… Juste pour dire que j’avais une certaine ambition. « C’est rien que le début de toute façon. » Puis, il n’était pas question d’abandonner si tôt dans le processus.

J’ai ensuite mis de la couleur dans une section assez importante : la permanence. Ouin, là je vais t’avouer que j’avais le pinceau qui shakait pas rien qu’un peu. C’est à ce moment là que, en prenant du recul pour regarder de quoi ma toile avait l’air dans son ensemble, je me suis rendue compte que j’aurais pu attendre un peu plus longtemps avant de remplir cette section-là, question d’avoir une meilleure idée du résultat final que je recherchais. De loin, les teintes se mariaient très bien; c’était en fait un très beau tableau en termes de palette de couleurs et d’uniformité. En regardant de plus près, on remarquait par contre que la technique manquait de raffinement, de souplesse. Peu nuancées, les coloris se chevauchaient sans réellement de mélanger. Les coups saccadés auraient dû s’estomper là où davantage de profondeur aurait pu donner du sens à mon tableau. De la profondeur, c’est ça en fait, ma vie manquait de profondeur.

J’étais persuadée qu’en donnant de la profondeur à mon tableau, l’ensemble de l’oeuvre serait une réussite et que chacune des sections prendraient tout son sens. Et il n’a rien de mieux que de donner de la vie pour donner de la profondeur. Alors de la vie je donnai. Au début, quand tu donnes de la vie à quelque chose, tu le fais assez instinctivement sans trop savoir le pourquoi du comment. Mais c’est pas grave parce que tu sais que ça va fonctionner; tu l’espères, du moins. Si tous les autres y arrivent, pourquoi pas toi? J’ai donc essayé du mieux que je pouvais de donner de la vie à mon tableau qui manquait de profondeur et dont une certaine section était là « juste pour dire ». Processus extrêmement ardu, certes, littéralement souffrant au niveau viscéral, par lequel un certain vertige s’installe, donner de la vie au tableau de sa vie est tout aussi déstabilisant qu’exaltant. Un nouveau souffle, justement, un nouveau regard sur une même image, c’était ça pour moi, à ce moment-là, l’idée de donner de la vie à un tableau qui ne m’inspirait pas.

Le moment venu d’accrocher mon tableau au mur et de le signer, j’ai compris. J’ai vu, en fait. C’est là que le déclic est arrivé. Étonnamment, c’est aussi à ce moment-là que la meilleure version de moi-même me chuchota à l’oreille : « Je te l’avais dit. »

Elle et moi, on a constaté la même chose en même temps : le tableau, il n’était pas pour moi. Je l’avais fait, sans le savoir, pour quelqu’un d’autre; à qui le voulait bien, n’importe qui. Il était parfait comme il était, mais pas parfait pour moi. Le plus difficile dans tout cela, ça a été de le décrocher du mur et de m’en débarrasser. Ça m’a pris beaucoup de temps, je l’ai eu dans la face longtemps avant de me décider. Après tout, j’avais travaillé tellement dur pour en arriver là, pourquoi tout jeter? Toutes les excuses étaient bonnes pour l’endurer, l’orgueil étant sans contredit un élément convainquant, quoi que sournois.

J’ai fini par le décrocher, mon beau tableau, mais je ne l’ai pas ramené avec moi. Quelqu’un a dû le ramasser sur le bord du chemin, en même temps que mon cœur en miettes et mon orgueil tout ratatiné.

Ce n’est pas, facile des fois, de ne pas se tromper. C’est encore moins facile de se tromper. C’est un peu pour ça que t’es peut-être mieux de ne pas faire comme Mélanie…

Se sauver (de) soi-même

Se réveiller, en sueur et confus, avec la sensation de tomber dans le vide. Désorienté et troublé, tenter de reprendre ses esprits en cherchant ses repères. Tâter nerveusement l’édredon à la recherche de certitude, puis, se souvenir que nulle n’est certitude que l’incertitude même.

Vivre d’une existence inutile, ou l’inconsistance de l’être : sentence forcée, affliction inhérente, prononcée par une inconscience pernicieuse. Se nourrir, toute sa vie durant, du fruit tombé d’un arbre malade et faire fi de l’amertume de sa chair pourrie. Courir à vive allure à sa propre perte, sans jamais regarder derrière.

Se laisser porter par le courant et dériver à mille lieux de la terre ferme. Transporté par ses propres fantaisies et poussé par son ego, ne subsiste alors que sa propre matérialité à laquelle s’accrocher, tandis que l’on flotte seul sur un océan de vacuité.

Quand la déchéance s’agrippe avec conviction à l’âme et s’immisce sournoisement dans chaque parcelle de la réalité, l’idée de sa propre finalité se veut enivrante par son doux arôme de délivrance. Alors, se laissant tirer vers l’abîme, enveloppé dans les bras de l’abandon, on n’emportera avec soi que le souvenir obscur d’une oeuvre inachevée.

Mais se doit-il d’en être ainsi? Qu’advient-il donc du refus d’une telle fatalité? L’acceptation se veut-elle la seule issue? Suffit-il d’exister dans l’espace-temps? Si l’absurdité d’une entité lacunaire surpassait l’entendement, quiconque s’objecterait à la matrice verrait-il les eaux se séparer devant lui, telle une épopée biblique?

Nul n’esquivera la grande finale, certes, mais puisse cette finale être grande, effectivement? Puisse le dernier souffle être celui de la béatitude plutôt que celui du regret? Puisse l’extase vaincre sur la morosité? N’appartient-il qu’au fou de tenter sa chance au bonheur? La mortalité justifie-t-elle, à elle seule, le désir ardent de se créer?

L’évidence même, la facilité, serait de se soumettre aux volontés de l’instinct et de renoncer à l’exode, succombant aux menaces de l’aléa; se blottir dans la douce chaleur réconfortante de l’ordinaire et s’endormir sur la même mélodie, toujours pour se réveiller, en sueur et confus, avec la sensation de tomber dans le vide…

Suggestion sur le thème de la conquête 🙂

La traversée

 

Sexe, corruption et scandale

Voilà. J’ai capté ton intérêt. J’ai eu un ton clic.

« J’étais juste curieux », que tu vas me répondre. Ben oui, c’est ça!

On sort tous du même moule, on est « toute » pareil; on se nourrit du plus scabreux des scandales, de la plus horrifiante des tragédies. On adore se faire garrocher en pleine face d’épouvantables monstruosités, pour ensuite avoir la chance de s’offusquer collectivement. On syntonise la chaîne des nouvelles et on fait jouer en boucle l’apogée de la bêtise humaine. Parce que oui, on est bête, les copains! Et plus on se plaint, plus on nous en donne et plus on clique. Pis ça recommence!

Tout ça, c’est sans compter qu’on est insatiablement assoiffé sexe. Oh yes! Fais pas semblant, je te connais! Si ça titille moindrement notre instinct le plus primal et animal, on est captivé et on clique. Tu serais en train de balancer 15 assiettes sur ta tête en marchant sur un fil de fer tendu au-dessus d’un bassin rempli de piranhas, qu’une simple image à caractère Xrated te ferais perdre ton focus. En revanche, la photo d’un Calinours, pas tant! 😉

Sans nommer de nom (tu comprendras ici que ne pas nommer de nom, c’est nommer un nom!), quelqu’un a cru bon récemment de tester les limites du « clic » en postant une vidéo de lui-même accompagné du cadavre d’un suicidé. Encore plus récemment, ladite personne a récidivé avec des rats morts. Croix sur mon cœur, j’ai vu ça défiler dans mon fil d’actualité et je n’ai vraiment pas ressenti le besoin de creuser plus loin. Je n’ai même pas eu envie de vérifier si c’était bel et bien une vidéo légitime. Mais, je sais que je suis en minorité. T’as essayé de trouver les vidéos avant qu’elles soient retirées, avoue?! (Si tu ne sais pas de quoi je parle, il est probable que tu fasses une recherche Google , mais puis-je suggérer de finir de lire cet article avant?!) Je ne te juge pas, voyons. À vrai dire, je te comprend. Tu veux décider par toi-même de la gravité des fameuses vidéos avant de te faire rentrer une opinion de force dans la gorge. Toi aussi tu veux être au courant. C’est tout en ton honneur! (lire sur un ton sarcastique)

Je m’excuse. Tu remarqueras que mon ton habituellement jovial et rempli d’allégresse a pris, comme on dit, « le bord ». Je sais, ça ne me ressemble pas. Ou, se pourrait-il que je n’ai jamais voulu te montrer ce côté de moi? Ben oui, je me fâche des fois, franchement! Pis pas à peu près! (Mon pauvre chum le sait, lui.)

Le vedettariat nous est plus que jamais accessible et on a « les Internets » à remercier pour ça. Recule de seulement 15 ans et je n’aurais pas eu de sujet sur lequel écrire. Encore moins de « blogue » (Un quoi?). La célébrité est gage d’accomplissement en 2018 et très peu suffit pour l’atteindre: un téléphone cellulaire et une connexion Internet.

Le problème, c’est qu’on est blasé. On a tout vu. On veut du neuf. On scroll sans regarder, on scan sans loader. Mais on est obsédé par les shares et, plus encore, les likes. On vomit du contenu (sans contenu), tout en espérant générer du trafic. Peu importe la pertinence, tant que ça clique. Et, mon doux que c’est payant le clic!

On se fait bombarder à chaque seconde, pauvre nous. On a les synapses qui twitch pas à peu près! Mais, on est tellement accro qu’on s’en fou. On s’en fou de l’imbécillité et encore plus de l’insipidité. On a besoin d’être stimulé, mais surtout, on doit absolument rester connecté et on doit être joignable en tout temps. Dis-moi, à quand remonte la dernière fois où t’as osé aller prendre une marche sans ton cellulaire? Pire, la dernière fois où tu n’as pas ouvert Facebook durant au moins 24h? Peux-tu honnêtement passer une journée sans Internet? « Méchante folle, elle!? », entends-je.

J’ai l’air de la fille qui, ironiquement, crache sur la technologie et tout ce qui l’entoure et, simultanément, l’utilise pour faire reluire l’abus de cette dernière. Okay, bon point.

J’adore notre monde moderne et toutes les possibilités qui sont à notre portée. On tient toutes les connaissances du monde dans notre main, tout le temps et partout. On peut être ici et ailleurs à la fois. On peut même voyager sans même quitter son La-Z-Boy! 

« C’est un tort égal de pécher par excès ou par défaut. » – Confucius

Mais, avoue que ça commence à déraper pas à peu près! N’importe quel zinzin peut devenir célèbre en postant n’importe quelle connerie de nos jours. J’ai rien contre le contenu humoristique, au contraire, mais il y a toujours ben une différence entre une joke et un déversement d’entrailles en HD! Tu m’excuseras, mais si t’es le propagateur d’aberration, t’es pire que l’instigateur. Point final.

Tranche de vie: ma sœur a un cochon domestique. Il est un peu grognon, mais ben smatt pareil! Une de ses caractéristiques qui me fascine le plus, c’est sa capacité à être juste là, debout, à fixer le vide. Il ne fait rien d’autre. Juste ça. Ça peut durer plusieurs minutes. On trouve ça bien comique, mais surtout absurde et bizarre!

Moi, ça me fait me questionner sur la dernière fois où j’ai juste fixé le vide, en silence. Sais pas. La dernière fois où j’ai regardé les annonces à la télé plutôt que d’en profiter pour lire mes courriels ou checker Instagram? Euh… La dernière fois où je n’ai pas traversé la pièce en courant, en piétinant mon chien ( je n’ai pas de chien) au passage, pour vérifier qui me texte? Hum…

On s’en vient un peu nono, gang. Si on avait un compteur pouvant répertorier et comptabiliser toutes les heures passées à boire de la stupidité pure sur Internet, on serait gêné, je pense.

Vivement le jour où la pertinence prendra le dessus sur la facilité et où nul ne craindra de traverser la rue en courant le risquer de se faire passer dessus par une voiture conduite par un corps vidé de son esprit le temps d’un texto urgent.

Fin brutale.

Suggestions sous le thème de la substance:

Prendre conscience

Prendre une pause

Prendre soin de soi